lundi 19 novembre 2012

Mali: Regard d'un journaliste sur la crise

"Il y a moins de manifestations pro ou anti junte à Bamako, voir à l’intérieur du pays. Les gens ont compris que la division sur la crise du Nord ne fait que retarder la reconquête des 65% du territoire occupé par les islamistes".
Les régions Nord du Mali sont occupées illégalement par des islamistes, des terroristes et des narcotrafiquants à la suite  d’un coup d’Etat militaire qui a renversé le président ATT en mars dernier, à quelques semaines de la fin de son mandat, plongeant le pays dans une crise politico-sécuritaire et humanitaire sans précédant. Comment les populations maliennes vivent-elles cette situation ? Qu'attendent- elles des autorités publiques ? Et comment se portent les institutions maliennes aujourd’hui ? Quelques éléments de réponses avec Adama Diarra, journaliste spécialiste des questions du Nord au quotidien national du Mali, l’Essor .

démocratie.mali (D.M). Adama Diarra, bonjour, en tant que journaliste au quotidien national du Mali, l’Essor, quel regard portez-vous sur le déroulement de la crise dans le pays ?

Adama Diarra. A mon humble avis, la situation est en bonne voix après les différentes rencontres de la communauté internationale à Bamako, Dakar, Nigéria et Abidjan.

D.M. Comment les populations du Sud vivent-elles cette situation ?

Adama Diarra. Elles sont optimistes, raison pour laquelle, il y a moins de manifestations pro ou anti junte à Bamako, voir à l’intérieur du pays. Les gens ont compris que la division sur la crise du Nord ne fait que retarder la reconquête des 65% du territoire occupé par les islamistes.

D.M. Vous venez de rentrer d'un reportage dans les villes de Diabaly, Sévaré, Mopti et Djenné, décrivez-nous la vie quotidienne des habitants de ces localités

Adama Diarra. Les populations de ces différentes villes que j’ai sillonnées récemment, gardent espoir. Mais, il faut savoir qu’elles vivent dans des conditions extrêmement difficiles, particulièrement pour une grande majorité de ces populations à savoir les guides touristiques, les interprètes, les agences de voyages, les chauffeurs, les hôteliers, les artisans, etc, qui vivaient des mannes financières du tourisme à Mopti, Sévaré et Djénné. Dans c’est zones-là c’est la catastrophe ou encore la mort de l’activité économique.  A djenné par exemple, un seul hôtel tente de survivre, mais les dix autres ont tout simplement fermé et le personnel est en chômage technique. Tout ce monde vit dans l’incertitude, quand à la reprise des différents secteurs d’activité. Certains ont déjà pris le chemin de l’exil, notamment à Djenné, où ils préfèrent aller chercher du boulot en Guinée Équatoriale.

D.M. Ces populations ont-elles des attentes particulières de l’Etat Malien ?

Leur seule attente vis à vis de l’État est la reconquête du Nord. Car l’économie des villes du Nord et celles du Sud sont liées. Par exemple, le prix du mouton pour la fête de Tabaski a pris l’ascenseur cette année, à cause de  l’occupation des 4 grandes villes du Nord : Kidal, Gao, Tombouctou et Douentza. Les prix ont doublé voir triplé. Avant la crise, on pouvait avoir un mouton a 50 € mais cette année, avec la crise le prix du mouton dépassait les 100€.  
En outre, les femmes dans ces localités du pays, ont vu leurs conditions de vie se dégrader de plus en plus. En période normale, la grande majorité des femmes dépendent financièrement de leurs maris. Et quand ceux-ci perdent leurs emplois, la répercussion est immédiate. Dans les villes du Nord sous occupation islamiste, les femmes sont tenues de rester chez elles ou voilées quand elles doivent sortir. Et celles qui enfreignent à cette règle sont arrêtées et jetées en prison au nom de la charia par les islamistes armés.

"A défaut d’envoyer un reporter sur place ou d’avoir un correspondant local efficace, la presse malienne se contente de reprendre les dépêches des agences de presse (AFP, Reuters, et Xinhua)".

D.M. Vous collaborez aussi avec des médias internationaux, à votre avis quelles sont à ce jour les difficultés de la presse malienne dans le traitement de l’information relative à cette crise ?

Adama Diarra. La principale difficulté est d’ordre financière. Rares sont les organes de presse malienne qui peuvent financer le voyage d’un journaliste en dehors de la ville de Bamako et pendant plusieurs jours. Il est regrettable de dire que la presse est devenue une nécessité et non une vocation. Aujourd’hui, je puis m’estimer heureux que mon journal ne lésine pas sur les moyens pour prendre en charge mes reportages dans les zones occupées ou avant-dernière villes avant le Nord. A défaut d’envoyer un reporter sur place, ou d’avoir un correspondant local efficace, la presse malienne se contente de reprendre les dépêches des agences de presse (AFP, Reuters, et Xinhua). Quant aux médias audiovisuels, les gens préfèrent regarder France 24 ou écouter RFI plutôt que la télévision et la radio nationale. Car ces organes publics préfèrent se focaliser sur l’information institutionnelle. C’est-à-dire les activités des membres du gouvernement, les visites officielles, les réceptions, quelques enquêtes sur la vie courante, rien de spécial.

D.M. Sur le plan institutionnel, qu'est ce qui a changé notamment dans la gestion des affaires publiques, depuis le coup d’état de mars dernier ?

Adama Diarra. Un grand pas a été fait avec la mise en place d’un président pour la transition, d’un Premier Ministre reconduit. Les nouvelles autorités sont en train de restructurer l’administration à travers les nominations à chaque conseille de ministres. Les trois hommes (Dioncounda Traoré, Cheick Modibo Diarra et le Capitaine Amadou Haya Sanogo) se concertent régulièrement à chaque fois qu’il est nécessaire. Le plus important est que les maliens sachent à qui s’adresser en cas de problème. Et, je pense que c’est ça l’essentiel dans la situation actuelle des choses. Et les quelques petits problèmes ou querelles politico-politiciennes existent partout dans le monde.


dimanche 18 novembre 2012

Le dialogue, une nécessité pour la reconstruction du Mali


Nous ne sommes plus à ce niveau de la crise où on avait aucune idée de comment les choses peuvent évoluer. Nos autorités ont pris la responsabilité de faire une requête auprès de l'ONU, qui est recevable, puisque l'Afrique a déjà donné son feu vert et nos partenaires nous soutiennent. Nous n’attendons que le feu vert de l'ONU pour mener une intervention militaire dans le Nord. Mais une guerre, ce n'est jamais drôle. Nous aurons des pertes humaines et on ne peut pas s'en réjouir. Mais quelque soit la décision de l'ONU, nous serons obligés en tant que maliens, de nous concerter. Ce qu'a a fait le MNLA est minable et condamnable, mais le MNLA, ce n'est pas tous les touaregs c'est à peine 1% sauf erreur de ma part. Notre pays est en guerre et depuis des mois, en tant que citoyens maliens nous ne dormons plus. Mais je suis persuadée que nous retrouverons notre Maliba, ce sera long, mais c'est possible. C'est ce message d'espoir, que je voudrais partager avec vous tous aujourd'hui. 
Vive le Mali indivisible et laïc. A bientôt pour d'autres questions.