Ecrit par Makan DIALLO, Docteur en
Droit Privé et Avocat au barreau de Paris
Pour celles et ceux qui
doutaient encore de l’abominable, de l’innommable, de l’absurdité du quotidien
des populations du nord Mali, l’émission « Envoyé spécial » de France
2 du jeudi 29 novembre 2012 aura sans conteste permis de lever un coin de voile
sur une situation des plus incroyables et apocalyptique en ce XXIe siècle.
Le calvaire que vivent les populations
maliennes, en l’occurrence celles de Gao dans le reportage de France 2, la
dangerosité et la détermination des islamistes, avec des scènes
surréalistes ( enfants soldats, châtiments corporels sur d’innocentes victimes,
menaces à l’endroit des pays occidentaux, terreur tous azimuts sur la ville
etc.) font froid dans le dos et interpellent toute bonne conscience de la
nécessité d’agir au plus vite pour libérer cette partie du monde des mains
d’individus qui ont juré de foutre le bordel partout où ils peuvent.
Gao, ville martyrisée Gao, ville fantôme à l’abandon, vidée de la
presque totalité de ses habitants, soumise à la brutalité et la folie d’une
horde d’illuminés, d’ignares et d’égarés qui dans un pitoyable exercice
sadomasochiste s’en prennent aux personnes sans défense au nom d’une charia qui ne dit
pas son nom.
A l’image de Gao, les régions
de Tombouctou et Kidal ne se portent pas mieux non plus, et cela depuis plus de
8 mois déjà ! Basta ! Trop c’est trop. Il est grand temps que le Mali se bouge. Si
la communauté internationale pense qu’une intervention militaire n’est pas
possible avant fin 2013 dixit Romano
PRODI, représentant spécial de l’ONU. Si
Ban Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies table toujours sur une
improbable négociation malgré la situation chaotique sur le terrain et cette
détermination intacte et immuable des islamistes de ne pas céder d’un pouce. Si
certains pays du champ qui crient à hue et à dia écartent d’un revers de main
l’idée d’une intervention militaire pour autant acceptée un temps par tous les
pays concernés, il appartient aujourd’hui et maintenant au Mali et aux Maliens
de prendre toutes leurs responsabilités.
L’heure n’est plus à la
résignation, à l’inertie, ni aux sempiternelles rencontres du reste
improductives. Sans être un va-t’en
guerre, nous affirmons haut et fort que le Mali doit engager les hostilités
sans délai. D’ailleurs a-t-il le choix avec tout ce qui se passe aujourd’hui
dans le septentrion ? Cette situation ne peut plus durer. Le Mali est le
premier concerné en ce sens que les 2/3 de son territoire sont occupés, ses
populations sont embastillées, terrorisées, martyrisées, torturées, amputées,
violées, tuées, etc. Et avec toutes ces atrocités, toutes ces sauvageries, il
faut garder le silence. Attendre encore et toujours. Jusqu’à quand ? Et pour
quoi faire ? Nous disons mille fois non !!!! Le feu est déjà dans la
case et est entrain de tout consumer, il urge d’intervenir pour limiter les
dégâts. Advienne que pourra ! La communauté internationale peut encore
attendre, mais le Mali n’en peut plus. Les Maliens ne peuvent plus attendre.
Jusqu’à preuve du contraire, le
Mali est un Etat souverain. En tant que tel, faisant l’objet d’agression de la
part de malades mentaux car il n’y a pas d’autres mots pour les qualifier, il doit se défendre par tous les
moyens avec ou sans l’aide de qui que ce soit. La communauté internationale à
travers les N.U qui s’était au départ engagée pour accompagner le Mali dans
cette mission salvatrice bénéfique d’ailleurs pour tous au regard de sérieuses
menaces qui pèsent sur la sécurité mondiale, fait machine arrière. La CEDEAO et
l’UA, malgré l’engagement de certains de ses responsables ne peut rien sans
l’adoubement des instances onusiennes. Certains pays du champ tels que
l’Algérie, le Burkina Faso avec son statut de médiateur, la Mauritanie jouent
un jeu assez trouble et par leur positionnement donne à penser que le Mali est
seul dans son combat, comme pour dire vulgairement : A chacun sa
merde !!!
Le Mali n’est pas une nation
belliqueuse. Cette guerre nous est imposée et il va falloir la faire !!!
En tant que Malien, l’attitude de la communauté internationale de temporiser
malgré l’urgence de la situation est incompréhensible voire inacceptable. Plus
de 90% des Maliens excédés par cette invasion sont pour déloger militairement
les envahisseurs qui continuent de nous narguer et semblent dire nous y sommes, nous restons et nous appliquons « notre loi ». Quel culot
et quelle hérésie !!!
Légitimement et légalement, le
Mali est en droit d’intervenir. La frustration du Mali et des Maliens est
incommensurable de voir qu’après plus de 8 mois d’occupation, la communauté
internationale trouve encore à repousser l’inévitable mais nécessaire
intervention. Pour tout dire, le Malien a honte aujourd’hui face à cette situation
qui perdure. Le Malien est blessé dans son orgueil, dans son amour propre. Sa
dignité est bafouée. Sa fierté a pris un sacré coup. Son honneur est atteint au
plus haut point. Aussi pour redonner
espoir à ce peuple, pour faire cesser ses larmes, pour que le Malien puisse
relever enfin la tête en toute fierté, en tout honneur et dans la dignité, les
forces armées du Mali ne doivent plus attendre même s’il ne nous reste qu’un
seul fusil. Dire que l’armée malienne est mal en point, que les moyens
militaires manquent n’est plus de mise et n’est plus une excuse, car
symboliquement cette intervention plus qu’un devoir sera une sorte de
rédemption !!!! Même si c’est à
mains nues, l’intervention se fera, peut-être que la communauté internationale
prendra le train en marche. Le peuple Malien doit laver cet affront.
Nos illustres ancêtres nous ont appris à ne
pas baisser le froc devant l’ennemi, à préserver notre dignité, notre fierté,
notre honneur en toutes circonstances. Les moyens militaires sont une chose, mais
la détermination, l’engagement, la volonté, le sacrifice du soldat sont pour beaucoup dans sa gloire. L’histoire
foisonne d’enseignements dans ce sens. La guerre du Vietnam contre l’ogre
Américain est édifiante. Tout près de nous dans les années quatre-vingt, le
comportement héroïque des militaires tchadiens face à l’armada libyenne nous
est conté à satiété comme pour dire
finalement que le soldat c’est avant tout le COEUR comme on dit chez
nous. Le Mali seul, malgré les pronostics et autres expertises improbables peut venir à bout de ces envahisseurs. Il faut
de l’audace, il faut du courage et un esprit de sacrifice.
Braves soldats maliens n’ayez pas peur de
défendre la patrie, le métier des armes c’est aussi cela, et dites-vous bien en
bon philosophe que la mort fait aussi partie de la vie. Les Maliens vous
soutiennent et veulent juste que vous fassiez votre boulot. Le Mali de Soundiata, de Firhoun, de Babemba,
de Tièba, de Da Monzon, etc. fiers guerriers de la savane se porte mal
aujourd’hui. Plutôt que d’assister impuissant à un dépiècement de son
territoire, un embrigadement de ses populations, le Mali veut désormais se
prendre en mains même si c’est au prix de notre sang. La prise du Tata de Sikasso s’est faite sans Babemba qui a préféré la mort à la honte
s’étant juré que lui vivant, jamais la pénétration de l’ennemi dans la ville ne
serait possible. Une des multiples facettes de la riche histoire du Mali. Un
acte de courage, de don de soi, de sacrifice, de fierté et de dignité qui
interpelle tous les Maliens en ces heures difficiles.
En bouclant
cette contribution, nos pensées vont tout naturellement vers cet anonyme qui se
faisait fouetter sur la place publique, vers cette jeune étudiante qui, du jour
au lendemain a vu ses habitudes bouleversées, vers ce jeune homme qui a vu sa
main droite amputée, vers ses enfants soldats qui ne savent même pas pourquoi
ils sont là, vers tous ces déplacés et victimes anonymes qui subissent au
quotidien les brimades et autres exactions des islamistes. La délivrance n’est
plus pour longtemps !
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