mardi 4 décembre 2012

Quand la souffrance d'un Peuple devient in-sou-te-na-ble...


Ecrit par Makan DIALLO, Docteur en Droit Privé et Avocat au barreau de Paris

Pour celles et ceux qui doutaient encore de l’abominable, de l’innommable, de l’absurdité du quotidien des populations du nord Mali, l’émission « Envoyé spécial » de France 2 du jeudi 29 novembre 2012 aura sans conteste permis de lever un coin de voile sur une situation des plus incroyables et apocalyptique en ce XXIe siècle.

 Le calvaire que vivent les populations maliennes, en l’occurrence celles de Gao dans le reportage de France 2, la dangerosité et la détermination des islamistes, avec des scènes surréalistes ( enfants soldats, châtiments corporels sur d’innocentes victimes, menaces à l’endroit des pays occidentaux, terreur tous azimuts sur la ville etc.) font froid dans le dos et interpellent toute bonne conscience de la nécessité d’agir au plus vite pour libérer cette partie du monde des mains d’individus qui ont juré de foutre le bordel partout où ils peuvent.
 Gao, ville martyrisée  Gao, ville fantôme à l’abandon, vidée de la presque totalité de ses habitants, soumise à la brutalité et la folie d’une horde d’illuminés, d’ignares et d’égarés qui dans un pitoyable exercice sadomasochiste s’en prennent aux personnes sans défense au nom d’une charia  qui ne dit pas son nom.

A l’image de Gao, les régions de Tombouctou et Kidal ne se portent pas mieux non plus, et cela depuis plus de 8 mois déjà ! Basta ! Trop c’est trop.  Il est grand temps que le Mali se bouge. Si la communauté internationale pense qu’une intervention militaire n’est pas possible avant fin 2013 dixit Romano PRODI,  représentant spécial de l’ONU. Si Ban Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies table toujours sur une improbable négociation malgré la situation chaotique sur le terrain et cette détermination intacte et immuable des islamistes de ne pas céder d’un pouce. Si certains pays du champ qui crient à hue et à dia écartent d’un revers de main l’idée d’une intervention militaire pour autant acceptée un temps par tous les pays concernés, il appartient aujourd’hui et maintenant au Mali et aux Maliens de prendre toutes leurs responsabilités.  

L’heure n’est plus à la résignation, à l’inertie, ni aux sempiternelles rencontres du reste improductives.  Sans être un va-t’en guerre, nous affirmons haut et fort que le Mali doit engager les hostilités sans délai. D’ailleurs a-t-il le choix avec tout ce qui se passe aujourd’hui dans le septentrion ? Cette situation ne peut plus durer. Le Mali est le premier concerné en ce sens que les 2/3 de son territoire sont occupés, ses populations sont embastillées,  terrorisées, martyrisées, torturées, amputées, violées, tuées, etc. Et avec toutes ces atrocités, toutes ces sauvageries, il faut garder le silence. Attendre encore et toujours. Jusqu’à quand ? Et pour quoi faire ? Nous disons mille fois non !!!! Le feu est déjà dans la case et est entrain de tout consumer, il urge d’intervenir pour limiter les dégâts. Advienne que pourra ! La communauté internationale peut encore attendre, mais le Mali n’en peut plus. Les Maliens ne peuvent plus attendre.

Jusqu’à preuve du contraire, le Mali est un Etat souverain. En tant que tel, faisant l’objet d’agression de la part de malades mentaux car il n’y a pas d’autres mots pour les  qualifier, il doit se défendre par tous les moyens avec ou sans l’aide de qui que ce soit. La communauté internationale à travers les N.U qui s’était au départ engagée pour accompagner le Mali dans cette mission salvatrice bénéfique d’ailleurs pour tous au regard de sérieuses menaces qui pèsent sur la sécurité mondiale, fait machine arrière. La CEDEAO et l’UA, malgré l’engagement de certains de ses responsables ne peut rien sans l’adoubement des instances onusiennes. Certains pays du champ tels que l’Algérie, le Burkina Faso avec son statut de médiateur, la Mauritanie jouent un jeu assez trouble et par leur positionnement donne à penser que le Mali est seul dans son combat, comme pour dire vulgairement : A chacun sa merde !!!

Le Mali n’est pas une nation belliqueuse. Cette guerre nous est imposée et il va falloir la faire !!! En tant que Malien, l’attitude de la communauté internationale de temporiser malgré l’urgence de la situation est incompréhensible voire inacceptable. Plus de 90% des Maliens excédés par cette invasion sont pour déloger militairement les envahisseurs qui continuent de nous narguer et semblent dire nous y sommes, nous restons et nous appliquons « notre loi ». Quel culot et quelle hérésie !!!

Légitimement et légalement, le Mali est en droit d’intervenir. La frustration du Mali et des Maliens est incommensurable de voir qu’après plus de 8 mois d’occupation, la communauté internationale trouve encore à repousser l’inévitable mais nécessaire intervention. Pour tout dire, le Malien a honte aujourd’hui face à cette situation qui perdure. Le Malien est blessé dans son orgueil, dans son amour propre. Sa dignité est bafouée. Sa fierté a pris un sacré coup. Son honneur est atteint au plus haut point. Aussi  pour redonner espoir à ce peuple, pour faire cesser ses larmes, pour que le Malien puisse relever enfin la tête en toute fierté, en tout honneur et dans la dignité, les forces armées du Mali ne doivent plus attendre même s’il ne nous reste qu’un seul fusil. Dire que l’armée malienne est mal en point, que les moyens militaires manquent n’est plus de mise et n’est plus une excuse, car symboliquement cette intervention plus qu’un devoir sera une sorte de rédemption !!!!  Même si c’est à mains nues, l’intervention se fera, peut-être que la communauté internationale prendra le train en marche. Le peuple Malien doit laver cet affront.

 Nos illustres ancêtres nous ont appris à ne pas baisser le froc devant l’ennemi, à préserver notre dignité, notre fierté, notre honneur en toutes circonstances. Les moyens militaires sont une chose, mais la détermination, l’engagement, la volonté, le sacrifice du soldat sont  pour beaucoup dans sa gloire. L’histoire foisonne d’enseignements dans ce sens. La guerre du Vietnam contre l’ogre Américain est édifiante. Tout près de nous dans les années quatre-vingt, le comportement héroïque des militaires tchadiens face à l’armada libyenne nous est conté  à satiété comme pour dire finalement que le soldat c’est avant tout le COEUR  comme on dit chez nous. Le Mali seul, malgré les pronostics et autres expertises improbables  peut venir à bout de ces envahisseurs. Il faut de l’audace, il faut du courage et un esprit de sacrifice.

 Braves soldats maliens n’ayez pas peur de défendre la patrie, le métier des armes c’est aussi cela, et dites-vous bien en bon philosophe que la mort fait aussi partie de la vie. Les Maliens vous soutiennent et veulent juste que vous fassiez votre boulot. Le Mali de Soundiata, de Firhoun, de Babemba, de Tièba, de Da Monzon, etc. fiers guerriers de la savane se porte mal aujourd’hui. Plutôt que d’assister impuissant à un dépiècement de son territoire, un embrigadement de ses populations, le Mali veut désormais se prendre en mains même si c’est au prix de notre sang. La prise du Tata de Sikasso s’est faite sans Babemba qui a préféré la mort à la honte s’étant juré que lui vivant, jamais la pénétration de l’ennemi dans la ville ne serait possible. Une des multiples facettes de la riche histoire du Mali. Un acte de courage, de don de soi, de sacrifice, de fierté et de dignité qui interpelle tous les Maliens en ces heures difficiles.

En bouclant cette contribution, nos pensées vont tout naturellement vers cet anonyme qui se faisait fouetter sur la place publique, vers cette jeune étudiante qui, du jour au lendemain a vu ses habitudes bouleversées, vers ce jeune homme qui a vu sa main droite amputée, vers ses enfants soldats qui ne savent même pas pourquoi ils sont là, vers tous ces déplacés et victimes anonymes qui subissent au quotidien les brimades et autres exactions des islamistes. La délivrance n’est plus pour longtemps !

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