lundi 31 décembre 2012

Gao : Les règles de la charia se durcissent.

Ecrit par Adama Diarra

Des éléments du MUJAO ont arrêté deux apprentis de la compagnie de voyage « Bani transport » à l’entrée de la ville de Gao, il y a quelques jours. Ils sont accusés de transporter du « vin rouge » dans deux bidons de 20 litres.

Malgré les interrogatoires, on n’a pu mettre la main sur le propriétaire des deux bidons de vin. C’est alors que les éléments du MUJAO au poste de contrôle ont arrêté et jeté en prison les deux apprentis. Selon les rumeurs, la commande de vin rouge aurait été faite par une femme burkinabé installée à Gao. 



Photo prise par Adama Diarra le 07 septembre 2012 à Gao
Cette dernière, interpellée par la brigade des mœurs du groupe islamistes, a nié les accusations et a pu retourner sans encombres chez elle. Les deux apprentis ont été jugés le lundi 24 décembre par les juges salafistes égyptiens. Verdict : dix coups de fouet.
Toujours à Gao, six jeunes de la ville qui se rendaient à un mariage ont été interceptés par des éléments du MUJAO. Ils sont accusés de transporter des produits stupéfiants sur eux. Sentence : soixante dix coups de fouet, chacun, sur la place publique. Après ce supplice les accusés ont été condamnés à un mois de prison ferme.
Les « procès » se tiennent tous les lundi et jeudi et l’application de la sentence est immédiate. C’est la mairie de Gao qui fait désormais office de palais de justice des islamistes. Il est ouvert au grand public, sous la surveillance d’hommes armés pour parer à tout mouvement de contestation. Les jugements ne durent que deux ou trois minutes, à peine le temps de lire les chefs d’accusation, suivi de la décision du juge avec le concours d’un interprète (arabe-sonrhaï). Au cours des jugements, c’est la parole de l’accusé contre la bonne ou la mauvaise humeur du « kadi » (juge.)

La ville de Gao est plongée dans le noir depuis le vendredi 21 décembre dernier. « Le piston du gros groupe électrogène a pété dans la soirée. Depuis, c’est l’obscurité totale à Gao. Certains nantis se débrouillent avec les panneaux solaires tandis que d’autres utilisent de petits groupes électrogènes », explique un habitant de la ville. Nos contacts indiquent que les techniciens ont pu « dépanner le moteur, mais, il y a problème d’huile de moteur qui doit venir de Bamako ». La crainte chez les Gaois c’est de passer la fin de l’année 2012 dans le noir. La centrale d’énergie est sous contrôle des islamistes du MUJAO et le carburant financé par le CICR.

A Ansongo, un communiqué diffusé à la radio locale interdit désormais aux hommes de raser leur barbe.

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