Les Chefs
d’Etat africains de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
(CEDAO) se sont réunis dimanche 11 novembre à Abuja pour convenir un accord visant
à l'envoi d'une force militaire internationale au Mali.
A l’issue d'un débat à huis-clos des dirigeants
des 15 pays membres de la Cédéao et de quelques autres pays africains à savoir : la Mauritanie, l'Algérie,
l'Afrique du Sud, le Maroc, le Tchad et la Libye ; la CEDAO, à travers son
président en exercice , Alassane Ouattara,
a annoncé l’envoie de 3.300 soldats pour une durée d’un an, en vue d’ aider le Mali dans la reconquête de
ses régions du Nord occupées par des bandits et groupes islamistes armés, des
terroristes et des narcotrafiquants.
Ce plan,
appelé le "Concept harmonisé des opérations pour le déploiement de la
force internationale conduite par l'Afrique" sera transmis à l'ONU avant
la fin du mois par le canal de l'Union africaine. La CEDAO espère ainsi que le Conseil de sécurité des Nations
unies donne son feu vert à cette intervention au Mali d’ici fin novembre ou
au plus tard début décembre.
La "force
internationale" sera majoritairement composée de soldats provenant des
pays membres de la CEDAO, parmi lesquels, le Nigeria,
le Sénégal,
le Niger,
le Burkina Faso, le Ghana et le Togo. D’autres
pays non membres de la CEDAO pourraient contribuer et parmi ceux-ci, le Tchad, la
Mauritanie et l'Afrique du Sud.
Limiter
les dommages au Mali et dans la sous-région
A
l'ouverture du sommet, le président nigérian Goodluck Jonathan a résolument
plaidé pour l'option militaire, afin disait-il d'"éviter
des conséquences dommageables, non seulement pour le Mali mais pour l'ensemble
de l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique tout entière".
Le communiqué
final insiste que "le dialogue" restait "l'option préférée pour
la résolution de la crise politique au Mali". "Toutefois, en ce qui
concerne la situation sécuritaire, l'usage de la force s'avère indispensable
contre les réseaux terroristes et de criminalité transnationale qui menacent la
paix et la sécurité internationales", ont ajouté les dirigeants
ouest-africains.
Pour eux,
le dialogue ne doit concerner que "les groupes armés non impliqués dans
les activités terroristes et criminelles", qui reconnaissent l'intégrité
du Mali et le caractère laïc de l'Etat. A priori, sont donc exclus tous les groupes
armés islamistes qui imposent actuellement la charia aux populations
maliennes du Nord (exécution par lapidation d'un couple non marié, amputations
de présumés voleurs, humiliation publique infligée à un jeune couple pour avoir
eu des relations sexuelles hors mariage, donnant cent coups de fouets à chacun,
etc.).
Les pays
européens n'interviendront pas directement au Mali, mais cela pourrait être envisagé en
"dernier ressort"
L'Algérie,
acteur régional clé et traditionnellement hostile à toute intervention, était
représentée à cette réunion par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé
des Affaires maghrébines et africaines.
De leur
côté, les Européens soutiennent les initiatives régionales africaines, mais ont
jusqu'à présent affirmé qu'ils n'enverraient pas de troupes destinées à
combattre sur le sol malien, que l'option militaire ne devait être envisagée
qu'en "dernier ressort", mais qu'ils étaient prêts à un soutien
logistique et d'encadrement.
Le
président français François Hollande a réaffirmé hier que la France n'interviendrait
pas directement au Mali mais aurait "le devoir" d'être aux côtés des
Africains s'ils décidaient d'une opération militaire.
Les
ministres de cinq pays européens - France,
Allemagne, Italie, Pologne et Espagne se réuniront jeudi 15 novembre à Paris pour discuter de la mise
sur pied d'une mission européenne d'entraînement qui compterait au moins 200
soldats en faveur du Mali.
Par
ailleurs, il faudra aussi régler une question hautement essentielle et qui concerne notamment le financement d’une possible intervention militaire. Rappelons que chaque pays aura la responsabilité de transporter et d’équiper ses propres
troupes. Et ce facteur pourrait compliquer
la situation, compte tenu de la crise économique et financière mondiale et
étant donné que la CEDEAO ne disposant pas de fonds ne peut compter que sur l’aide
financière de certains pays développés, tels que la France et les Etats-Unis, mais aussi sur l’Unions
Européenne, qui est l’un de ses gros pourvoyeurs de fonds.
La reconquête
des régions maliennes du Nord, constitue un enjeu déterminant pour l’Histoire
de nation malienne et de sa crédibilisé en termes de gouvernance. A cet égard,
les maliens, pour qui l’horizon semble très légèrement se dégager, se réjouissent
des efforts consentis par la CEDAO, l’Union Africaine et la communauté internationale
en leur faveur.
En effet, ces dernières avancées laissent une place à l’espoir et la
possibilité pour des milliers de maliens à retourner au bercail et retrouver une vie
normale, après tant de souffrances et d’humiliations vécues. Quand à ceux du
sud, la reconquête du Nord donnera une chance à l’instauration de l’Etat de
droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance, condition essentielle à l’épanouissement des populations au sein de leur société et la jouissance totale
de leurs libertés.
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