Le
coup d’état du 22 mars dernier, qui a renversé le président ATT seulement un mois de la fin de son mandat a
pris en otage la démocratie au Mali, remettant ainsi en questions les énormes
efforts et sacrifices faits par le peuple et les autorités du pays.
Loin
de moi, l’idée d’affirmer que tout était rose dans cette démocratie, puisque la
corruption, principal fléau social demeure trop répandu et qui a gagné du terrain pendant ces dix
dernières années. La forte propagation de ce fléau social dans la société
malienne a eu des conséquences très néfastes
sur la vie des citoyens, qui sont entre autres, la baisse des salaires et des
conditions de travail, l’altération de la concurrence entre les entreprises, l’accroissement des inégalités sociales en un
niveau record. En clair, les riches se sont davantage enrichis et les pauvres
se sont appauvris de plus en plus. Difficile de parler de classes moyennes dans
ce genre de situation.
Par
ailleurs, de la prise en otage de la démocratie malienne est né un autre fléau :
La censure, le musèlement, des arrestations arbitraires et bien d’autres
violations des droits de l’Homme. Tout à coup, l’Etat corrompu est devenu un
Etat sans lois et où règne la loi du plus fort. C’est alors que les efforts d’éployés
par le Mali en matière de pluralisme des médias, de liberté d’expression, y
compris la liberté de la presse sont anéantis. Plusieurs personnalités
politiques, des journalistes et des
directeurs de publications ont été passés à tabac, emprisonnés ou portés
disparus.
Ces
violences inouïes et insupportables ont servi de leçons aux citoyens lambda et
aux professionnels des médias, susceptibles de condamner ou de critiquer le comportement
« animal » des auteurs du coup d’état du 22 mars 2012.
Cette
nouvelle tendance a laissé la place à une nouvelle réalité : les médias
locaux, autrefois considérés comme la première source d’information deviennent
tout à coup peu crédibles, obligeant ainsi les maliens de se tourner vers les
médias internationaux libres et démocratiques. Ceux-ci deviennent dorénavant la première
source d’information pour les maliens et leur crédibilité s’est vue renforcée.
La confiance est davantage accordée aux médias internationaux qu’aux sources
locales. Ce nouveau contexte fait des médias internationaux, de véritables
acteurs essentiels au paysage médiatiques malien.
C’est
pourquoi, les maliens s'expriment librement sur Radio France Internationale sur la crise
dans le nord du Mali. Ils appellent de Kita, Badiangara, Bamako en passant par
Koulikoro, Ségou, Mopti et Kati pour tenter de s’informer et mieux comprendre le déroulement
et la gestion de cette crise. L’avantage de cette radio française, c’est qu’elle
est recevable aux quatre coins du Mali, contrairement aux radios locales, dont
les fréquences dépassent difficilement les
50 kilomètres.
Cette
réalité relative au traitement de l’information de la crise malienne par les
médias internationaux n’est pas sans conséquences et parmi elles : la diffusion
d’une information « édulcorée », des mauvaises interprétations des
réalités sociopolitique et culturelles du pays et la diffusion d’une
information parfois partisane. Par exemple au début de la crise, nombreux
étaient des maliens qui ont accusé RFI et France 24 de soutenir les membres du
mnla et d’avoir facilité la prise des régions maliennes du nord par les
rebelles touaregs et leurs alliées islamistes.
Etant
donné les difficultés pour la presse malienne et les médias d’une façon
générale à conduire une ligne éditoriale libre et indépendante, les médias internationaux sont
devenus également la première source
pour les journalistes dans le cadre de
leur traitement de l’information relative à la crise qui sévit dans le pays
depuis huit mois. Et cette tendance n’est pas prête de s’inverser, puisque les
auteurs du coup d’état, bien que discrets, restent très influents dans la vie
politique et publique du Mali, comme si l’on donnait de la légalité à leur
acte.
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